L’architecture traditionnelle

mercredi, avril 15, 2015


Utilisation de matériaux locaux

Le matériau de base utilisé pour la construction des maisons, la terre crue, est accessible à chacun, car il suffit de piocher sur place la terre environnante (absence de coût d’achat et de transport).

Après humidification, la terre est malaxée puis coulée dans des moules en bois. Une fois bien tassée elle est démoulée. Afin que les briques ainsi formées ne se fendent pas en séchant trop rapidement, elles sont disposées à l’abri du soleil sous des feuilles de bananiers ou des frondes de palmiers. Pour construire la maison, les briques seront par la suite scellées avec de la terre humide.

Pour consolider ces constructions, notamment dans des endroits pentus, les fondations sont parfois réalisées en pierres. Elles permettent également, lors de la saison des pluies, d’éviter les remontées d’humidité dans les murs de terre séchée. Auparavant les charpentes étaient faites de bois et/ou de bambous fixés par des lianes. Les toits très pentus des maisons étaient recouverts de chaume.

Chantier de construction de briques

Chantier de construction de briques.

Les avantages de ces constructions traditionnelles sont nombreux, les matériaux se trouvent sur place, ils sont donc peu chers. Les modes de construction assez simples permettent aux membres d’une famille de se grouper pour fabriquer les habitations des uns et des autres. Ces divers matériaux sont très isolants. Malheureusement, si les briques de terre résistent relativement bien au feu, il n’en est pas de même des toits de paille et de chaume qui brûlent très facilement. Enfin ces maisons en terre crue nécessitent un entretien constant car les infiltrations d’eau, courantes dans la zone tropicale humide, transforment à la longue les murs en glaise. Il faut donc tous les 3 ou 4 ans rénover le toit et vérifier l’étanchéité des murs.

 Insertion de la terre dans le moule

Insertion de la terre dans le moule.

Piochage et récolte de terre

Piochage et récolte de terre.

Ces derniers inconvénients et le modernisme ont entraîné des modifications dans l’habitat traditionnel qui, pour les personnes les moins démunies, intègrent progressivement le ciment. À Fondjomekwet comme dans de nombreux villages, les toits en tôle ondulée ou en tôle galvanisée ont partout remplacé le toit en chaume qui revient bien plus cher pour la construction et l’entretien.

L’ organisation sociale au sein d’une concession

 

Dans les villages bamilékés, les habitations sont regroupées en concessions qui, auparavant, pouvaient abriter 3 générations (des grands-parents aux petits-enfants non mariés).

Afin de délimiter le patrimoine foncier de chaque famille et de protéger la concession contre les animaux en divagation, ces concessions sont toujours entourées de clôtures en bambous de raphia. Les concessions plus importantes peuvent être entourées par un mur de terre, ou de terre et de pierres.

Compte tenu de l’attachement au culte des ancêtres, les concessions des familles bamilékés se structurent autour d’un élément sacré, (arbre sacré, sanctuaire d’une puissance familiale, fétiche), qui fait office de lieu de culte réservé aux membres de la famille. Ces concessions regroupent divers bâtiments aussi bien les loges d’habitation (si famille polygame), mais aussi la cuisine avec le grenier, lieu de stockage des aliments.

Ce sont les femmes, chez les Bamilékés, qui font la préparation des repas, ainsi un espace cuisine, voire une case spéciale servant de cuisine, jouxte chaque maison de femme. Au centre se trouve le foyer regroupant quelques pierres disposées au sol.

Intérieur d’une cuisine, village de Demshang, Fondjomekwet

Intérieur d’une cuisine,
village de Demshang, Fondjomekwet

Cette cuisine est surmontée d’un grenier dans lequel sont stockées les diverses récoltes. On y accède par une ouverture où est placée une échelle en bambou. La chaleur provenant du foyer facilite le séchage rapide des céréales et arachides.

Actuellement les concessions à Fondjomekwet sont plus petites car les diverses générations ne vivent le plus souvent plus ensemble. Nombreux sont en effet ceux qui se sont installés en ville ou ont quitté le Cameroun pour trouver du travail. Enfin, certains jeunes, après le lycée, partent également en ville pour suivre leurs études.

Enfin dans toutes les concessions il existe des enclos pour les divers animaux d’élevage qui peuvent cependant déambuler librement pendant le jour.

Source bibliographique :

 

Yves Aurélien Kana Donfack : Evolution de l’habitat traditionnel en Afrique. Exemple de la province de l’Ouest au Cameroun.Vorgelegt von Dipl.-Ing.,Stadt- und Regionalplaner. Von der Fakultät VI Planen – Bauen – Umwelt der Technischen Universität Berlin zur Erlangung des akademischen Grades-Dr Ing.2011


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