L’organisation des funérailles

lundi, juillet 27, 2015

 

L’ensemble des cérémonies funéraires s’organise, pour les notables, en trois étapes : l’annonce du décès, les obsèques et les funérailles. Les funérailles sont organisées le plus souvent en saison sèche pour permettre au maximum de personnes de pouvoir s’y rendre.

Pour les funérailles royales, l’organisation est similaire à celle d’un notable, à la seule différence que la grande manifestation se fait au Ya-Zeu. Enfin, s’il s’agit des funérailles royales l’organisation va non seulement impliquer tous les notables de la chefferie mais également les chefferies voisines.

Annonce du décès d’un notable

S’il s’agit d’un prince ou d’un notable, la famille du défunt informe le Roi dans les heures qui suivent le décès.

Les obséques

La durée de veuvage est décidée par Sa majesté entre 1 jour et 9 semaines (CF délais de viduité de 3 mois au Cameroun). Pendant les obsèques, la veuve va porter un sac en lin qui contiendra des arachides crus qu’elle partagera pendant les obsèques. Selon les croyances du défunt, et de la famille, il peut y avoir une messe.

Les funérailles

Le matin des funérailles, d’un notable le successeur du défunt ou héritier est présenté par un autre serviteur au Chef Supérieur qui confirme le choix en fonction du testament qu’il a en sa possession. Le successeur prête alors serment devant le Roi. Si le défunt est un homme et qu’il est membre d’une ou de plusieurs confréries, les membres de la plus importante d’entre elle organisent les funérailles et ils peuvent être aidées par les confréries secondaires. Le chef de famille (héritier) doit alors se rendre dans les diverses confréries avant la cérémonie de funérailles il finance un repas pour les confréries qui vont défiler lors des funérailles.

Dans tous les cas, Il y a des aspects coutumiers qu’il faut sécuriser (contraintes temps pour certaines coutumes et respect des jours sacrés du calendrier). Pour permettre au plus grand nombre de personnes de venir, les funérailles sont organisées pendant la saison sèche de Novembre à avril. Autrefois, les funérailles étaient pratiquées plusieurs années après l’inhumation de la personne disparue. De nos jours, pour plusieurs raisons essentiellement logistiques, les funérailles sont parfois pratiquées directement après l’enterrement.
Selon le niveau social et la qualité du ou de la défunte il peut y avoir de très nombreuses personnes invitées.

Le sens des funérailles en pays Bamiléké :

L’ancêtre est celui qui est supposé avoir vécu de façon exemplaire, de ce fait, il se doit d’être consulté par les vivants pour avoir la paix, le bonheur et le succès. Le « Sie », soit le Dieu des Bamilékés, est un Etre suprême très éloigné de l’homme. Considéré comme transcendant il doit être atteint à travers cet intermédiaire qu’est l’ancêtre, un peu comme cela se passe par exemple au sein de l’église catholique avec la Vierge Marie. C’est à ce niveau qu’intervient une sorte de mystification avec la partie des rites funéraires non dévoilée aux participants des funérailles qui ne sont pas directement membres du clan du défunt ou qui ne sont pas initiés.
Ces rites privés se font avant les cérémonies publiques qui sont déclenchées par une ouverture officielle qui se manifeste le plus souvent par des coups de fusils ou des sons de tam-tams en provenance de la forêt sacrée ou de la maison des crânes de la famille du défunt. Cette partie a une double signification : alerter d’une part les ancêtres et se mettre en communion directe avec eux et d’autre part lancer officiellement l’ouverture des cérémonies publiques des funérailles. Ces cérémonies seront marquées par les dernières lamentations dans la cour principale de la famille du défunt suivi par des festivités dans le but de rechercher et constituer une sorte de cohésion familiale autour du clan et de les aider à oublier les soucis, les difficultés et les éventuelles rancunes ou les haines… . C’est l’occasion de communier ensemble vers un même idéal, de se rapprocher et d’exalter la puissance du clan ou de la lignée.

Pour un grand prince, cette partie se manifeste par les sons de tam-tam et coups de fusils en provenance de la forêt sacrée, suivi par la procession vers la cour principale du palais royal par les membres du clan du défunt en provenance de cette forêt sacrée. Ils y seront rejoint par les autres participants autour d’un groupe de musiciens traditionnels pour l’ouverture publique des funérailles par Sa Majesté le Roi (Fo’o), agissant ici en sa qualité de chef de la famille royale. En temps normal, cette cérémonie est directement suivie par une dernière séance de lamentation dans la cour principale de la concession personnelle du prince défunt. Mais étant donné que le défunt dans le cas de la vidéo est non seulement un grand prince mais aussi un notable, une autre procession a été effectuée depuis la grande cours du palais vers le ‘’Ya-Zeu ’’ autour de l’arbre sacré pour célébrer la grandeur sociale et morale de ce défunt.

L’organisation des cérémonies funéraires pour les autres citoyens

Ces cérémonies regroupent deux étapes : les obsèques et les funérailles. Dans ce cas la famille du défunt prévient la chefferie principale pour obtenir l’autorisation d’organiser les funérailles par le Roi.

Propos recueillis auprès de Menkam Tebeu Tchawo David et Mbeû Nofô Lienou Kamayou Louis Polin.


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