Le projet : Les méthodologies utilisées

dimanche, octobre 18, 2015


L’interdisciplinarité est au cœur de notre approche. Tous les thèmes décrits ci-dessus sont et seront abordés par plusieurs disciplines en même temps, et par plusieurs acteurs (habitants de Fondjomekwet, membre de la diaspora, chercheurs) dans le but de mettre à profit la complémentarité des représentations et des approches. Le cas des travaux en projet sur le "taurin bamiléké illustre très bien la démarche que nous souhaitons développer. Aujourd'hui considéré comme éteint par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le "taurin bamiléké" occupait une place essentielle au sein des royaumes des Grassfields. Son élevage était un monopole royal, pratiqué à priori dans toute la région. Il n’avait pas de visée marchande, mais entrait dans une logique de thésaurisation et d’accumulation (Boutrais 1998, Seignobos 1998). Or il apparaît que cette variété trypanotolérante de Bos taurus, qui est probablement le fruit d'une longue adaptation évolutive aux zones tropicales, n'a pas disparu de cette région : il subsiste quelques cheptels, conservés précieusement dans certains royaumes (trois selon nos informations actuelles). Le royaume de Fondomekwet était auparavant un haut-lieu de cet élevage, et, à la demande de la cour royale, le nouveau roi, S.M. Kamga, a eu pour tâche de reconstituer un troupeau de taurins.



Troupeau de taurins - Chefferie de Bafoussam.Troupeau de taurins - Chefferie de Bafoussam.

En parallèle donc des études de gestion des populations de taurins, devant permettre sa sauvegarde, nous conduirons une étude anthropologique sur le rôle de ces taurins dans le royaume de Fondjomekwet et leur reconnaissance récente comme patrimoine local, qui sera complétée par une approche archéologique afin de connaître l’histoire de cette variété de Bos taurus dans cette zone géographique. Les études de terrain seront donc organisées selon cette perspective interdisciplinaire : nous effectuerons, dans la mesure du possible, des missions communes réunissant les spécialistes de plusieurs disciplines, et nous réaliserons les enquêtes, dès que possible, en binômes ou trinômes (ex : entretiens conduits par un muséologue + un anthropologue, etc.). La multiplication des points de vue nous permettra d’enrichir largement nos analyses respectives, et ainsi atteindre une compréhension fine des processus en cours.

Yves Girault

Professeur au Muséum national d’Histoire naturelle, Paris, France - Unité de recherche : Patrimoines locaux et Gouvernance.

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